French

Iacobinus

Civis

  • Civis

Location:
Lutetiæ Parisiorum
This is undoubtedly the longest sentence I've ever read in French (I retyped it by hand, sorry for the probable typo): Mais j'avais revu tantôt l'une, tantôt l'autre, des chambres que j'avais habitées dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rêveries qui suivaient mon réveil ; chambres d'hiver où quand on est couché, on se blottit la tête dans un nid qu'on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l'oreiller, le haut des couvertures, un bout de châle, le bord du lit, et un numéro des Débats roses, qu'on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s'y appuyant indéfiniment ; où, par temps glacial le plaisir qu'on goûte est de se sentir séparé du dehors (comme l'hirondelle de mer qui a son nid au fond d'un souterrain dans la chaleur de la terre), et où, le feu étant entretenu toute la nuit dans la cheminée, on dort dans un grand manteau d'air chaud et fumeux, traversé des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d'impalpable alcôve, de chaude caverne creusée au sein de la chambre même, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aérée de souffles qui nous rafraîchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenêtre ou éloignées du foyer, et qui se sont refroidies ; — chambres d'été où l'on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entrouverts, jette jusqu'au pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d'un rayon ; — parfois la chambre Louis XVI, si gaie que même le premier soir je n'y avais pas été trop malheureux et où les colonnettes qui soutenaient légèrement le plafond s'écartaient avec tant de grâce pour montrer et réserver la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si élevée de plafond, creusée en forme de pyramide dans la hauteur de deux étages et partiellement revêtue d'acajou, où dès la première seconde j'avais été intoxiqué moralement par l'odeur inconnue du vétiver, convaincu de l'hostilité des rideaux violets et de l'insolente indifférence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n'eusse pas été là ; — où une étrange et impitoyable glace à pieds quadrangulaire, barrant obliquement un des angles de la pièce, se creusait à vif dans la douce plénitude de mon champ visuel accoutumé un emplacement qui n'était pas prévu ; — où ma pensée, s'efforçant pendant des heures de se disloquer, de s'étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver à remplir jusqu'en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j'étais étendu dans mon lit, les yeux levés, l'oreille anxieuse, la narine rétive, le cœur battant : jusqu'à ce que l'habitude eût changé la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseigné la pitié à la glace oblique et cruelle, dissimulé, sinon chassé complètement, l'odeur du vétiver et notablement diminué la hauteur apparente du plafond.
 

Pacifica

grammaticissima

  • Aedilis

Location:
Belgium
finishes every long utterance with c'est un peu ça.
Mais j'avais revu tantôt l'une, tantôt l'autre, des chambres que j'avais habitées dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rêveries qui suivaient mon réveil ; chambres d'hiver où quand on est couché, on se blottit la tête dans un nid qu'on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l'oreiller, le haut des couvertures, un bout de châle, le bord du lit, et un numéro des Débats roses, qu'on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s'y appuyant indéfiniment ; où, par temps glacial le plaisir qu'on goûte est de se sentir séparé du dehors (comme l'hirondelle de mer qui a son nid au fond d'un souterrain dans la chaleur de la terre), et où, le feu étant entretenu toute la nuit dans la cheminée, on dort dans un grand manteau d'air chaud et fumeux, traversé des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d'impalpable alcôve, de chaude caverne creusée au sein de la chambre même, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aérée de souffles qui nous rafraîchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenêtre ou éloignées du foyer, et qui se sont refroidies ; — chambres d'été où l'on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entrouverts, jette jusqu'au pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d'un rayon ; — parfois la chambre Louis XVI, si gaie que même le premier soir je n'y avais pas été trop malheureux et où les colonnettes qui soutenaient légèrement le plafond s'écartaient avec tant de grâce pour montrer et réserver la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si élevée de plafond, creusée en forme de pyramide dans la hauteur de deux étages et partiellement revêtue d'acajou, où dès la première seconde j'avais été intoxiqué moralement par l'odeur inconnue du vétiver, convaincu de l'hostilité des rideaux violets et de l'insolente indifférence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n'eusse pas été là ; — où une étrange et impitoyable glace à pieds quadrangulaire, barrant obliquement un des angles de la pièce, se creusait à vif dans la douce plénitude de mon champ visuel accoutumé un emplacement qui n'était pas prévu ; — où ma pensée, s'efforçant pendant des heures de se disloquer, de s'étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver à remplir jusqu'en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j'étais étendu dans mon lit, les yeux levés, l'oreille anxieuse, la narine rétive, le cœur battant : jusqu'à ce que l'habitude eût changé la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseigné la pitié à la glace oblique et cruelle, dissimulé, sinon chassé complètement, l'odeur du vétiver et notablement diminué la hauteur apparente du plafond. C'est un peu ça.
 

kizolk

Civis Illustris

  • Civis Illustris

Location:
Bourgogne, France
Semantic drift can happen fast. A few years ago, ne pas avoir la rèf' (= référence) started to be used extensively. It was a set expression, but a rather straightforward one: if someone alluded to something you didn't know, "j'ai pas la rèf' " meant that you didn't get the allusion, the reference. A typical use case was when somebody told a joke that obviously referenced someone or a past event you didn't know.

It took me some time to notice the semantic drift but it has happened: young people have started to use it in the simpler sense of "I don't get it": a joke, an explanation, a game, etc. In some contexts, it's impossible to tell whether the intended meaning is the old one or the simpler, newer one, but there are clearer cases where no allusion of any kind is involved.

I don't have an exact timeline, and chances are it's older than I thought. But still, I'm under the impression it happened relatively fast. You can never know what will catch on when it comes to linguistic change, but I always enjoy witnessing it in real time.
 

Pacifica

grammaticissima

  • Aedilis

Location:
Belgium
I'm taking this here because John probably doens't need this comment:

Compare:

Marco domus est = there is a house to Marcus = Marcus has a house.
Marci domus est = it's Marcus's house (or the house is Marcus's/belongs to Marcus).

Now you can also say something like Marco domus destructa est = the house was demolished to/for Marcus = Marcus's house was demolished. Understandably, some people will call this a dative of possession because it translates with an English possessive or genitive expression, but that's not how it's technically classified. You'd call it a dative of reference (or more specifically in this case a dative of disadvantage).
Crucially, the dative in that kind of sentence doesn't even literally tell you who the owner of the thing is (that's only inferred). Rather, the dative goes with the verb and tells you whom the action was done to. So it isn't very logical to call it a dative of possession.
By the way, the dative of possession (proper, as in Marco domus est) is apt to confuse Francophones in a different manner. In French we use à moi, à toi etc. in kind of an adjectival way to mean "mine", "yours", etc. So since à moi, à toi etc. literally correspond to the dative, people can get confused and translate e.g. la maison est à Marcus as domus Marco est when it should really be domus Marci est (and domus Marco est means Marcus a une maison).
 

Clemens

Aedilis

  • Aedilis

Location:
Maine, United States.
I'm taking this here because John probably doens't need this comment:



By the way, the dative of possession (proper, as in Marco domus est) is apt to confuse Francophones in a different manner. In French we use à moi, à toi etc. in kind of an adjectival way to mean "mine", "yours", etc. So since à moi, à toi etc. literally correspond to the dative, people can get confused and translate e.g. la maison est à Marcus as domus Marco est when it should really be domus Marci est (and domus Marco est means Marcus a une maison).
I wouldn't be surprised if I made the same mistake.
 

Pacifica

grammaticissima

  • Aedilis

Location:
Belgium
Actually, I've seen English speakers (who didn't necessarily know French) make that mistake as well, just because (I think) they tried to make sense of the dative, which they associate with "to", by turning it into "belonging to" in their heads, so that they ended up (erroneously) with "the house belongs to Marcus" = domus Marco est. Or maybe it's just that some people, for some reason, have trouble distinguishing between the ideas of "I have X" and "X is mine"—which are admittedly related ideas, but still clearly disctinct to my mind.
 

Pacifica

grammaticissima

  • Aedilis

Location:
Belgium
I imagine Arabic speakers can get confused as well, given that e.g. لي (literally "to me") can convey the ideas of both "I have" and "is mine" (or even "of mine").
 

Clemens

Aedilis

  • Aedilis

Location:
Maine, United States.
I imagine Arabic speakers can get confused as well, given that e.g. لي (literally "to me") can convey the ideas of both "I have" and "is mine" (or even "of mine").
They can certainly carry these idioms over into English. Me: "Is this your car?" Student: "This car is for my father." I also remember my old department head, Mr. Kahkany (an Egyptian) used to say, "Is it with you?" to mean "Do you have it?"
 

Clemens

Aedilis

  • Aedilis

Location:
Maine, United States.
The other sort of dative usage in French that I like is when people say things like, Regarde-moi ça ! which seems like a kind of ethical dative?
 
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